« Insolite, fou, tellement géniaaal », pourrait-on entendre dans un dîner « So chic »…
Pas d’apriori sur ce concept, vous ne vous embarquez pas dans un projet réservé à l’élite de la culture, bien au contraire, la première œuvre d’art est la route en elle-même et les paysages magnifiques qui lui servent de cadre.
Cette route de l’art c’est la Viapac, elle associe un itinéraire à l’art contemporain.
Une connexion artistique mais aussi touristique, l’itinéraire est une invitation à découvrir un territoire transfrontalier entre la France et l’Italie, différemment grâce l’intervention plastique de douze artistes régionaux, nationaux et internationaux.
Chaque artiste a choisi un lieu sur le parcours pour y installer une œuvre pérenne conçue spécifiquement pour l’endroit, dans lequel elle prend place (sites naturels, monuments historiques, patrimoine local, zone frontière…).
Inscrite dans la tradition de l’histoire de l’art européen, la Route de l’art contemporain renoue avec l’histoire du tourisme qui prend ses racines dans une volonté de se cultiver en voyageant. N’étant pas exposées au bord des routes, les œuvres du VIAPAC incitent les visiteurs à quitter leur véhicule pour arpenter le paysage et aller à la rencontre des sites. Le dialogue qui se crée tout au long du parcours entre histoire locale et création contemporaine permet d’apporter une vision renouvelée du territoire et de sensibiliser le public à l’art actuel.
L’installation des œuvres du VIAPAC en plaine Réserve naturelle géologique de Haute-Provence, est effectivement détonante, on ne peut être que troublé.

Le voyage artistique
Au départ de Digne les Bains (sur la route Napoléon), on s’engage sur la merveilleuse route départementale D900A reliant l’Italie par le Col de Larche, pour arriver à Caraglio : 200 km d’expositions à ciel ouvert.
Le début des trente premiers kilomètres, on vous sert quatre-vingt-dix virages, quarante-quatre ponts, neuf changements de rives, trois clues : c’est la fameuse route de Barles, de la place Général de Gaulle à Digne jusqu’au pont de Verdaches.
Au cœur de la réserve géologique de Haute-Provence, cet itinéraire est un véritable voyage dans le temps, une histoire vieille de trois cents millions d’années ! Chemin muletier au XIXe siècle, route nationale 100 ouverte en juillet 1913, la route de Barles est aujourd’hui la départementale 900 A.
Cette rétrospective illustre l’évolution de la vallée du Bès : ici comme ailleurs, la vallée a subi de plein fouet la désertification des campagnes suite au grand mouvement d’exode rural commencé autour des années 1840-1850 qui dura jusque dans les années 1950. Puis, dans les années 1960-1970, la tendance a été au développement des résidences secondaires, animant la vallée le temps des vacances.
La nature est rugueuse comme les falaises qui la parsèment, elle s’intègre dans des paysages de maquis verdoyants.
On rejoint ensuite la D900 direction de Seyne, le trajet devient montagneux en passant le col Saint-Jean (et sa fameuse montée historique), qui rejoint le lac de Serre Poncon.
Après Barcelonette on enchaîne avec Le col de Larche ou col de la Madeleine (en italien : Colle della Maddalena). Un col des Alpes, à la frontière entre la France et l’Italie. Il fut aussi nommé col de l’Argentière. Il se situe entre 1 991 et 1 997 mètres d’altitude, entre le massif de Chambeyron au nord-est et le massif du Mercantour-Argentera au sud-ouest. Sauf de rares épisodes, il est ouvert toute l’année.
Au point culminant du col (côté Italie) à quelques centaines de mètres plus loin, se trouve le lac de la Madeleine.
La route comporte des passages délicats sur chacun de ses versants et le trafic routier est ouvert aux camions de 35 tonnes uniquement pour les chauffeurs régionaux, limitant ainsi le trafic. Il est peu fréquenté par les vélos car la gorge aval du versant français leur est interdite à cause des risques d’éboulis (la Rochaille de Meyronnes).
Nous amorçons la descente vers l’Italie, la route répond désormais au nom de SS21, la vallée qui la rejoint est verdoyante.
Il reste encore 70 km à parcourir, à Borgo San Dalmazzo prendre la SP 23 qui mène à Caraglio.
Œuvres et artistes côté français, dans la vallée de Bès direction Nord sur la Départementale 900 A, vers La route de Barles :
1. Les cheveux de Vénus, de Paul-Armand Gette, Musée Promenade, à Digne-les-Bains (44.1104°N – 6.227°E)
2. La Capture du Bès par la Bléone, Digne-les-Bains (44.1309°N – 6.2383°E
15 km plus loin :
3. La mer Burdigalienne, dans la commune de La Javie (44.2068°N – 6.2736°E)
4. Au fond du lit de la rivière (Oligocène ! La Javie (44.2168°N – 6.276°E)
5. Les effets du contact (secondaire tertiaire), La Javie (44.2153°N – 6.2759°E)
6. La source chaude !, Fontchaude, La Javie (44.2256°N – 6.2685°E)
21 km plus loin, par la D900 puis D900 A
7. La forêt carbonifère, Clue de Verdaches, Auzet (44.2777°N – 6.302°E)
8. La cascade, Saut de la Pie, Auzet (44.2777°N – 6.302°E)
9. Les Splendeurs de la nuit, Auzet (44.2862°N – 6.31°E)
Joan Fontcuberta, Les Hydropithèques
- Le solitaire : Musée-Promenade, Digne-les-Bains (44.1094°N – 6.2258°E)
- Les amoureux : vallée du Bès, La Robine-sur-Galabre (44.2068°N – 6.2736°E)
- La Sainte Famille : vallée du Bès, Barles (44.2715°N – 6.298°E)
- Troupeau d’Hydropithèques : vallée de la Haute-Bléone, Prads-Haute-Bléone (44.1856°N – 6.4249°E)
- Scène de crime : vallée de l’Arigéol, Prads-Haute-Bléone (44.2351°N – 6.411°E)
Richard Nonas, Edge-Stones : Vière et les moyennes montagnes (2011)[
- Hameau de Vière, Prads-Haute-Bléone (44.2595°N – 6.4473°E)
Stéphane Bérard, Mille plateaux-repas (2011)
- Lieu-dit de Lou Passavou, Le Vernet (44.2836°N – 6.3935°E)
Mark Dion, Le donjon de l’ours qui dort (2011)
- Fort de Seyne-les-Alpes (44.3527°N – 6.3545°E)
Jean-Luc Vilmouth, Comme un noyau, un voyage de l’esprit (2011)
- Fort de Saint-Vincent-les-Forts (44.4458°N – 6.3728°E)
David Renaud, Table-relief (2011)
- Col de Larche (44.4226°N – 6.8973°E)
Gilles Toutevoix, Si une ligne a deux côtés (2012)
- Œuvre sonore en diffusion sur support internet www.viapac.eu (0°N – 0°E)
Œuvres et artistes côté italien
Pascal Bernier, Shell (2012)
Roccasparvera, hameau de Castelletto (44.3447°N – 7.4178°E)
Victor Lòpez Gonzàlez, Il contrabbandiere (2012)
- Demonte (44.3154°N – 7.2959°E)
Pavel Schmidt, Rinascimentale mentale a Demonte (2011-2012)
Demonte (44.3154°N – 7.2959°E)
Paolo Grassino, Incursione (2012)
- Aisone (44.3133°N – 7.2151°E)
David Mach, Giants (2012)
- Vinadio (44.3097°N – 7.1809°E)
Apprendre à se repérer
Pour une meilleure compréhension de la situation des œuvres initions nous à la lecture d’un point géographique :
Les coordonnées sont composées de trois informations : la latitude, la longitude et l’altitude (ou l’élévation) par rapport au niveau moyen de la mer.
- La latitude est une mesure angulaire s’étendant de 0° à l’équateur à 90° aux pôles (-90° au sud à 90° au nord).
- La longitude est une valeur angulaire, expression du positionnement est ou ouest d’un point sur Terre.
À la différence de la latitude (position nord ou sud) qui bénéficie de l’équateur et des pôles comme références, aucune référence naturelle n’existe pour la longitude.
- La longitude est donc une mesure angulaire sur 360° par rapport à un méridien de référence, avec une étendue de -180° à +180°, ou respectivement de 180° ouest à 180° est.
En combinant les deux angles, la position à la surface de la Terre peut être spécifiée.
À titre d’exemple, Digne les Bains qui est notre point de départ a pour coordonnées GPS : Lattitude 44.092120 Nord, Longitude 6.237660 Ouest

Pour se restaurer ou dormir en route à 60 km de Digne les bains :
La Lauzetane – hôtel*** restaurant Le Bord du Lac 04340 Le Lauzet-Ubaye
https://www.hotellalauzetane.fr

Tourisme culturel
Une carte guide bilingue est disponible gratuitement dans les offices de tourisme et les mairies.
Télécharger la brochure :
Longueur : 4 Une route à parcourir sans lambiner en une journée ou sur deux jours (aller).
Qualité du revêtement : 4 bien entretenu des deux côtés de la frontière.
Panorama : 4 Maquis et clues en vallées, paysages à pertes de vues en montagne, dolce vita en ville.
Difficulté : 4 ça monte et ça descend, ça tourne et ça retourne, un peu comme la chanson de Cloclo « ça s’en va et ça revient »
Budget : 3 en montagne les petites baraques ou les refuges sont économiques, en Italie restauration et hébergement de bons rapport qualité / prix
Total : 19/20
L’auteur : Alexandre Pierquet, collectionneur de voitures anciennes et auteur de guides de voyages, pratique l’aventure de la route depuis plus de 40 ans. Journaliste il écrit régulièrement pour News d’Anciennes et intervient comme chroniqueur à la radio.
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Pour voyager en voiture ancienne : www.bedandhistoricmotors.com
